Des élèves autonomes, impliqués, qui sont conscients de ce qu’ils sont en train d’apprendre et pourquoi ils l’apprennent dans une atmosphère sereine et collaborative : la classe de maternelle de Sophie Warnet, PEMF dans la Drôme, a de quoi faire rêver. Elle nous livre ici quelques unes des clés de la réussite de sa pratique pédagogique.
« Dans ma classe… » : un entretien réalisé par Fabio Caldironi, sous la direction de Murielle Szac, produit par Comet Films.
1 – Des élèves impliqués
Sophie Warnet : Pour impliquer mes élèves, il faut qu’eux soient conscients de ce qu’ils sont en train de faire et pourquoi ils le font. Donc quand je prépare ma journée de classe, quand je prépare mes séquences pédagogiques, je me demande toujours ce que je veux que mes élèves apprennent et comment ils vont faire pour l’apprendre et quel dispositif, quel moyen je vais utiliser pour les motiver et les impliquer dans l’apprentissage. Il faut que le projet de l’enseignant qui est de faire apprendre à l’élève devienne le projet de l’élève. Dans ma classe, les élèves travaillent aussi pour eux, c’est-à-dire que comme ils ont conscience de ce qu’ils sont en train d’apprendre et pourquoi ils l’apprennent, ils sont motivés pour les apprentissages. Je propose des situations avec des obstacles à franchir, c’est-à-dire des situations problème, des situations de recherche où je demande aux élèves de réfléchir, de penser par eux-mêmes pour trouver la solution.
2 – Laisser le temps aux élèves
S.W. : L’école maternelle comme je la conçois est une école où on laisse le temps aux élèves d’apprendre. Il faut leur laisser le temps de la réflexion et de construire ensemble une réponse.
3 – L’erreur est utile
S.W. : L’erreur est source d’apprentissage, un élève qui fait une erreur, il faut déjà qu’il la repère, qu’il l’identifie et qu’il la comprenne pour pouvoir réguler cette erreur. Tant qu’il n’a pas conscience qu’il a fait une erreur, il ne reviendra pas sur son erreur donc il faut lui démontrer qu’il s’est trompé et ça c’est l’effet de groupe. C’est-à-dire que dans le groupe, les autres lui diront « Mais non attends, ce n’est pas comme ça, tu t’es trompé. » et vont lui expliquer pourquoi il s’est trompé et vont essayer de le convaincre.
4 – La place du langage oral
S.W. : Le langage oral est là pour apprendre, on va justifier, argumenter, expliquer, raconter pour permettre au groupe de progresser, tout le monde ensemble.
5 – Le travail en groupe
S.W. : Je travaille souvent en petits groupes d’élèves, les réussites des élèves servent à tout le groupe. Les autres élèves sont sur des apprentissages déjà construits, ils sont en réinvestissement ou en entrainement, ils sont refont des choses qu’ils savent déjà faire et pour lesquelles ils n’ont pas besoin de moi
6 – L’autonomie des élèves
S.W. : Dans ma classe, tout ce qui est à portée de main des élèves est à leur disposition comme dans leur chambre par exemple. Donc ça veut dire que ce matériel il faut qu’ils sachent l’utiliser, le ranger, en prendre soin donc là on est dans l’autonomie du savoir-faire. Il y a aussi l’autonomie du savoir-être, c’est-à-dire que quand ils ont un problème dans la classe qu’ils ne trouvent pas un outil, du matériel ou qu’ils n’ont pas compris ce qu’on attendait de la tâche, la consigne, très vite ils vont voir l’adulte, ils vont me voir moi ou ils vont voir l’ASEM pour redemander et très vite je les dirige vers les autres. C’est-à-dire que avant que je ne réponde à leurs attentes, je leur dis « Est-ce que tu es allé voir un copain et est-ce que tu lui as demandé si lui il sait ce qu’il faut faire ou si lui il sait où est ce matériel ? » Naturellement je ne leur donne pas les réponses à leurs questions, je les tourne vers les autres et donc se créé un climat de coopération d’entraide entre pairs, c’est ça qui est intéressant. Chaque élève est différent et il faut jongler avec cette différence.
7 – Le plaisir d’enseigner
S.W. : Qu’est-ce qui me motive à enseigner ? L’étincelle dans les yeux des élèves quand tout d’un coup ils trouvent la bonne réponse, les échanges entre eux et puis de voir leurs progrès et de me rendre compte de leurs progrès au fil des jours. Ce qui m’importe c’est que quand les élèves prennent du plaisir à venir en classe et à participer aux activités qu’on leur propose, nous enseignants, on prend aussi plaisir à venir enseigner.