Yvan Pommaux est un homme discret, presque secret. Il se livre peu et préfère laisser parler ses œuvres. C’est la moindre des délicatesses qu’il leur doit. Il a néanmoins accepté d’échanger avec nous à bâtons rompus à propos de son album J’veux pas y aller (Les Belles Histoires, septembre 2008).
Comment vous est venue l’idée de cette histoire, avec un petit héros boudeur refusant obstinément d’aller à l’école ?
C’est venu spontanément. Simplement parce que moi, je ne voulais pas y aller à l’école ! À l’école primaire j’étais bon élève, c’est après que cela s’est gâté. J’avais un vrai problème pour aller là-bas. Mais je ne sais plus vraiment pourquoi. Ce qui me reste c’est ce sentiment très fort d’impossibilité à entrer en classe. Et aussi l’impression énorme d’un ennui terrible : je me demande encore aujourd’hui comment c’était possible que l’on puisse s’y ennuyer autant.
Mais en même temps, votre histoire est une belle réconciliation avec l’école…
Oui, parce qu’il y a toujours l’amour ou l’amitié pour faire changer d’avis, et donner envie. Et puis j’ai aussi des tas de bons souvenirs d’enseignants que j’ai adorés. Il y en a eu plein que j’aimais bien… Je ne suis pas fâché avec l’école. Il y a même des écoles qui portent mon nom aujourd’hui, vous vous rendez compte !
La petite fille du livre s’appelle Atalante. L’un de vos derniers albums raconte le mythe de Thésée. D’où vous vient ce goût pour la mythologie ?
Quand j’étais petit, une amie de ma mère avait décidé qu’elle avait pour mission sacrée de me donner le goût de la lecture. Elle était la seule à m’offrir des livres. C’est ainsi qu’elle m’a apporté un jour une grosse encyclopédie des mythes du monde. Il y avait un labyrinthe sur la couverture. J’ai adoré, surtout les mythes grecs. D’ailleurs je travaille actuellement sur le mythe d’Orphée. Mais j’ai attendu des années pour m’y attaquer en tant qu’auteur car j’ai eu le malheur de lire Bettelheim, et j’avais compris qu’on pouvait raconter aux enfants les histoires les plus horribles, du moment qu’elles se terminaient bien. Or les mythes se terminent mal…
Vous nous faites glisser du réel à l’imaginaire sans frontière. Quelles sont vos influences ?
Dans cette histoire, j’ai d’abord voulu rendre un hommage à Maurice Sendak et notamment à Max et les Maximonstres… Lui, c’était le roi pour glisser dans les mondes imaginaires ! Quand je suis entré à L’école des loisirs, j’ai découvert Sendak, ça a été un choc pour moi. Une révélation. En même temps, il y a eu Arnold Lobel. Ces deux-là m’ont donné envie de faire des livres pour enfants. Sinon, je suis aussi très influencé par Little Nemo.