Bravo aux gagnants du Grand Concours des jeunes écrivains 2021/2022

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En octobre 2021 (Je Bouquine n° 452), le Grand Concours 2021-2022 des jeunes écrivains était lancé. Je Bouquine et la maison d’édition Milan vous proposaient alors de lire en exclusivité les premières pages du dernier roman de Christophe Lambert, (Presque) Seul sur Mars. C’était à vous d’imaginer la suite… Vous avez été nombreux à participer à ce grand concours. Bravo à tous !

Nous publions le texte de la classe gagnante du 1er prix dans le magazine Je Bouquine n° 459 (mai 2022) et ci-dessous avec les textes du 2e et 3e prix.

Tous les gagnants catégorie “Je joue avec ma classe”

1er prix : classe de 5e 4, collège Antoine-Chintreuil (Pont-de-Vaux – 01).
2e prix : classe de 5e A, collège de la Vallée-du-Thoré (Labastide Rouairoux – 81).
3e prix : classe de 3e 5, collège Jean-Mentel (Sélestat – 67).


4e au 50e prix (à partir de là, plus de classement. Les noms des classes gagnantes sont rangés par département) :

Classe de 4e 1, collège Antoine-Chintreuil (Pont-de-Vaux – 01) ; classe de 5e 3, collège Antoine-Chintreuil (Pont-de-Vaux – 01) ; classe de 6e 1, collège Jean-Compagnon (Reyrieux – 01) ; classe de 5e 6, collège Jean-Compagnon (Reyrieux – 01) ; classe de 5e 5, collège Jean-Compagnon (Reyrieux – 01) ; classe de 6e 2, collège Jean-Compagnon (Reyrieux – 01) ; CDI, collège Louis-Pasteur (Marseille – 13) ; classe de 4e F, collège Sainte-Marie (Marignane – 13) ; classe de 3e H, collège René-Caillie (Saintes – 17) ; classe de 4e A, collège Via Domitia (Manduel – 30) ; classe de 4e E, collège Le Bosquet (Bagnols-sur-Ceze – 30) ; classe de 6e 5, collège Jacqueline-Auriol (Villeneuve-Tolosane – 31) ; classe de 6e 6, collège Jacqueline-Auriol (Villeneuve-Tolosane – 31) ; classe de 6e, collège Jeanne-d’Arc-Assomption (Pessac – 33) ; classe de 3e, collège Les Menigouttes (Le Blanc – 36) ; classe de 3e, collège externat Notre-Dame (Grenoble – 38) ; classe de 4e A, collège Le Rondeau-Montfleury (Correnc – 38) ; classe de 5e 2, institution des Chartreux (Saint-Étienne – 42) ; classe de 6e A, collège Saint-Joseph (Saint-Just-Saint-Rambert – 42) ; classe de 5e A, collège Renoir (Angers – 49) ; classe de 3e B, collège Professeur-Nicaise (Mareuil-Le-Port – 51) ; classe de 4e A, collège Professeur-Nicaise (Mareuil-Le-Port – 51) ; classe de 5e D, collège Théodore-Monod (Villerupt – 54) ; classe de 5e E, collège Théodore-Monod (Villerupt – 54) ; classe de 5e, collège Saint-Jean-Lasalle (Guidel – 56) ; classe de 3e, collège Saint-Antoine (Phalsbourg – 57) ; classe de 4e, atelier d’écriture, collège Notre-Dame-des-Anges (Petite-Forêt – 59) ; classe de 5e B, collège privé Jean-Paul-II (Compiègne – 60) ; classe de 3e, collège privé Jean-Paul-II (Compiègne – 60) ; classe de 3e 6, collège Jean-Mentel (Sélestat – 67) ; classe de 3e 2, collège Jean-Mentel (Sélestat – 67) ; classe de 3e 4, collège Jean-Mentel (Sélestat – 67) ; classe de 3e B, collège Nicolas-Copernic (Saint-Vallier – 71) ; classe de 3e D, collège Nicolas-Copernic (Saint-Vallier – 71) ; classe de 5e 3, collège Les Allobroges (La Roche-sur-Foron – 74) ; classe de 3e, collège Jean-Charcot (Oissel – 76) ; CDI, collège Paul-Bert (Fecamp – 76) ; classe de 3e, collège du Sacré-Cœur (Versailles – 78) ; classe de 5e 6, collège Jean-Racine (Viroflay – 78) ; classe de 5e D, collège Arthur-Rimbaud (Belfort – 90) ; CDI, club de lecture, collège Notre-Dame (Draveil – 91) ; classe de 6e, collège Nouvelle-La Source (Meudon – 92) ; classe de 5e, collège Aristide-Briand (Domont – 95) ; classe de 4e, collège Schola-Europaea (Bruxelles – Belgique) ; classe de 5e 3, collège de Madrid (Madrid – Espagne) ; classe de 4e, institut Saint-Dominique (Roma – Italie) ; classe de 5e, institut Sainte-Marcelline (Lausanne – Suisse).

Texte du 1er prix catégorie “Je joue avec ma classe”
Un texte de la classe de 5e 4, avec l’aide de Laure Beliah, collège Antoine-Chintreuil (Pont-de-Vaux – 01)

En entendant cette phrase, c’est l’affolement. Quelle alarme ? Quelle urgence ? Et surtout, pourquoi, mais pourquoi mes parents m’ont-ils oublié ?
— Tu peux redire à l’animal de compagnie 14 d’arrêter de me baver dessus ?
— Désolé, Alf, Arès n’est vraiment pas dans son assiette.
De la gueule d’Arès, est sorti un miaulement étrange.
— Attends, Arès, je prends mon voxcodeur.
Mais quand j’ai fouillé dans mes poches, pas de voxcodeur. Retour au rez-de-chaussée. Arès s’est précipité devant moi et je l’ai perdu de vue. J’ai filé au réfectoire, mais bizarrement, l’entrée principale était verrouillée. Comme dans les films, j’ai enfoncé la porte. Ça a marché ! J’ai juste eu le temps d’apercevoir une ombre qui se faufilait par l’issue de derrière.
Et là, stupeur : tous les plats avaient été vidés ! Il y avait même des marques de dents dans les assiettes. Un monstre ? Étais-je en danger ? Où était passé Arès ?
J’ai entendu un bruit.
— Arès, c’est toi ?
Ouf ! J’ai couru vers lui pour le prendre dans mes bras.
— Mais qu’est-ce que t’es lourd ! As-tu vu le monstre ?
Arès a gémi.
— Ah oui, c’est vrai, je n’ai pas mon voxcodeur !
En sortant du réfectoire, j’ai remarqué que Burroughs était en train de se transformer en gruyère. Dans les couloirs, des trous ; sur les portes de l’ascenseur, des trous ; des trous par-ci, des trous par-là, des trous partout.
Dans la mini-ferme, il manquait non pas une, ni deux, mais trois vaches : Marguerite, Marylène et Micheline.
Je suis retourné à l’appartement pour prendre du recul afin d’analyser la situation et j’ai emmené mon petit chat avec moi.
Quoique… petit chat, ce n’est pas le bon terme. Il ne pouvait même plus sauter sur le lit.
Et d’ailleurs, il devait être vraiment perturbé car il ressemblait de moins en moins à un chat.
Il était peut-être malade, il fallait que je fasse analyser son sang. Je suis retourné voir Alf.
— Analyse de sang, s’il te plaît !
Dans un geste rapide, j’ai posé la patte d’Arès sur l’aiguille d’analyse. De sa gueule, est sorti un rugissement inhabituel. Alf avait dû bugger car sur l’écran, apparaissait une image de monstre gluant. Il se passait décidément des choses étranges. Quand je me suis retourné, Arès avait disparu. J’aurais voulu avoir du temps pour mener mon enquête, mais il devenait urgent de retrouver mon chat. Il était dans la poubelle du réfectoire. Incroyable ! Son ventre s’est mis à vibrer. J’ai entendu comme des grésillements, des bruits de voix de l’au-delà. Étais-je en plein délire ? J’ai même cru reconnaître la voix de mes parents.
Oh non, un tremblement de Mars ! J’ai regardé à travers les baies en transpacier. C’était un vaisseau qui débarquait. Je me suis précipité dans le sas que j’ai ouvert avec appréhension. Face à moi, deux monstres visqueux tentaient de communiquer dans une langue inconnue. Arès s’est caché derrière mes jambes, tétanisé, puis il s’est crispé et a craché quelque chose. Mon voxcodeur ! Je l’ai ramassé et l’ai activé. Et là, j’ai assisté à une conversation inattendue et j’ai vu mon chat qui se métamorphosait.
— Vilain garnement, cela fait deux années lumières que nous te cherchons partout.
— Z’avais FAIM !
— Rends à ce jeune homme tout ce que tu lui as pris.
Soudain, a jailli de la bouche d’Arès une montagne d’objets, puis les poules, les vaches, ainsi que, un à un, tous les habitants de Burroughs.
— Maman, Papa ! Ils étaient tout visqueux mais vivants.
— Rends-lui VRAIMENT tout ! a dit l’un des monstres.
Et là, est sorti un dernier petit quelque chose. Une petite boule de poils gluante.
— Arès !
Il s’est précipité vers moi. Je ne comprenais pas tout mais j’étais soulagé que ce cauchemar soit enfin terminé.

Texte du 2e prix catégorie “Je joue avec ma classe”
Un texte de la classe de 5e A, collège de la Vallée-du-Thoré (Labastide-Rouairoux – 81)

Tout le monde est parti. Mes parents sont partis. Je suis seul. TOUT SEUL… Enfin, presque. Il y a Arès, Jaclyn, Farrah et Kate sans oublier les mini-vaches. Mais est-ce que ça compte ?
– Colon 118, je te prie de suivre le protocole d’urgence au plus vite, déclare aussitôt ALF.
– Le protocole d’urgence ? Mais de quoi parles-tu au juste ?
Alf prend un temps pour répondre.
– Colon 118 doit se rendre à son caisson de suspension, le caisson n°  3119.
Je jette un coup d’œil en direction d’Arès, bien trop occupé à fixer la diode de l’ordinateur central pour s’apercevoir de mes tremblements. Pour dire vrai, je suis tétanisé et dans l’immédiat, je ne sais pas vraiment quoi faire. Aussi, j’avance à la manière d’un somnambule, complètement déconnecté de la réalité, en posant un pied devant l’autre à mesure que les lumières s’allument sur le sol et me conduisent jusqu’à la salle de repli où sont installés tous les caissons des passagers, à l’extrême droite de la station.
Évidemment, comme à son habitude, ALF s’occupe de tout. Après m’avoir guidé, l’ordinateur s’empresse de faire coulisser la porte à deux battants.
– Nom d’un blob ! je murmure dans un souffle. J’avais oublié à quel point la salle de repli était
sinistre. Ces innombrables caissons en plastec placés en rang me donnent la chair de poule. Et à en juger par l’attitude de mon chat, je ne suis pas le seul à me sentir mal à l’aise. Arès a le poil tout hérissé et commence à battre en retraite. J’envisage de l’imiter, mais la porte se referme dans un coulissement lugubre.
Nous n’avons plus d’autre choix que d’exécuter les ordres, autrement dit suivre le protocole d’urgence qui consiste à s’installer dans son caisson de suspension pour y dormir profondément et demeurer en sécurité. Un état d’hibernation, si je me souviens bien. Il est vrai que je n’ai pas été des plus attentifs pendant les cours sur les procédures d’urgence. Pour ma défense, eh bien, disons que je ne m’attendais pas à me retrouver un jour tout seul dans une station et devoir mettre en pratique les enseignements théoriques aussi tôt.
Mais pourquoi sont-ils tous partis ? Pourquoi n’ai-je rien entendu ? D’ordinaire, il y a une sonnerie, quelque chose dans le genre. Et mes parents ? Comment ont-ils pu partir sans vérifier au préalable que je sois bien à bord de la fusée ? Ça ne leur ressemble pas. Il y a vraiment quelque chose qui m’échappe dans toute cette histoire.
Arès pousse un miaulement qui me sort immédiatement de ma torpeur et s’élance en direction du seul caisson ouvert. Le mien. Encore une fois, ALF a pensé à tout. La grande boîte de plastec qui clignote en continu n’attend plus qu’un geste de ma part pour m’engloutir tout entier. Peut-être que j’exagère un peu, mais je ne me sens pas du tout rassuré à l’idée de me coucher dans ce long tube grisâtre.
Tandis que je présente la paume de ma main au-dessus de l’écran installé sur le bord, prévu pour l’enregistrement, un bruit sourd retentit en direction de la porte d’entrée. Je fais aussitôt volte-face et me fige.
J’ajuste mes yeux bioniques me permettant d’avoir une vision détaillée de chaque recoin de la pièce et promène un regard circulaire autour de moi.
– Il y a quelqu’un ?
C’est alors que je vois Arès sortir à toute vitesse de mon caisson pour disparaître à l’autre bout de la pièce à l’opposé de la porte d’entrée.
Mon cœur cesse littéralement de battre. Mes yeux se fixent sur un mouvement juste devant. J’ouvre la bouche puis la referme, incapable de prononcer la moindre parole.
Je dois me rendre à l’évidence, je ne suis pas tout seul dans cette station.
Nom d’un blob ! Mais qu’est-ce que c’est que cette chose ?

Texte du 3e prix catégorie “Je joue avec ma classe”
Un texte de la classe de 3e 5, collège Jean-Mentel (Sélestat – 67)

– La fusée a décollé. Tout le monde est parti ! a confirmé l’ordinateur central.
Un sentiment d’effroi m’a envahi. Pas longtemps.
– Pourquoi ont-ils été évacués ?… Réponds, ALF ! me suis-je impatienté.
– Bruiiiuizuizuizouii… Va-t’en, Arès… zuizouiii…
Trop tard ! J’ai vu mon chat grignoter le cablex principal. Le temps d’atteindre Arès, toute la tour de contrôle était éteinte.
– Fichu chat ! Je devrais te mettre à la poêle ! Tu es peut-être l’animal préféré des Français, mais pas des Martiens !
– Meow ! a-t-il rugi, avant de s’enfuir en direction de la ferme, sans attendre mon voxcodeur.
À cet instant, ma seule envie était de pleurer. Mais comme le disait Papa : “Un homme, ça pleure pas, fiston !” L’idée la plus judicieuse était peut-être de marcher tout droit, sans réfléchir, avec ma jauge d’oxygène remplie au maximum. À votre avis, quelles étaient mes chances de survie ?
En enfilant ma combinaison, une idée un peu idiote m’a traversé l’esprit. Pourquoi pas disposer des cailloux le long de mon chemin, comme dans l’ancien conte ? Mais aurais-je la possibilité de revenir ?
J’ai attrapé mon scaphandre et suis sorti de la base.
Alors que je m’enfonçais dans le sol caillouteux de Mars, j’ai songé que je n’avais rien à manger. J’étais parti les mains dans les poches de mon jogging-collants-robe.
Après de longues heures durant lesquelles je voyais descendre dangereusement le niveau d’oxygène, j’ai distingué quelque chose parmi les rochers. Ouf ! C’était une cassoxe, vous savez, ce genre de caisse de survie où on trouve de tout. À mon grand soulagement, j’ai pu remplacer ma réserve d’oxygène. Et le truc le plus sympa, c’est qu’à côté s’ouvrait une petite grotte qui allait me servir d’abri pour la nuit.
En voulant jeter un coup d’œil à l’intérieur, j’ai remarqué, tout au fond, une coque opaque en plastec. Sûrement un abri de survie. Quelle chance ! J’ai avancé petit à petit. Tout à coup, j’ai sursauté :
– Alors toi aussi, tu es encore là ?
Une fille d’à peu près mon âge m’a jaugé de la tête aux pieds. Devant mon air ébahi, elle s’est vue obligée d’ajouter :
– J’étais sortie. Quand je suis revenue à la base, pof, plus personne !
Elle semblait un peu plus âgée que moi.
– Tu sais pourquoi tout le monde est parti ? ai-je bégayé.
Elle a montré du doigt un point rouge. Il était tellement brillant dans le ciel que je me suis demandé comment j’avais pu passer à côté.
– C’est une gigorite, m’a-t-elle expliqué, et elle ne tardera pas entrer en collision avec Mars.
La base n’est pas sûre, mais cette capsule si. Et avec un peu de chance, nous serons encore vivants dans quelques minutes.
Ces paroles m’ont glacé le sang. Je voulais la questionner mais elle m’a coupé la parole :
– Toi, on peut dire que tu as eu de la chance de tomber sur moi. Viens vite à l’intérieur !
J’étais en plein cauchemar vivant. J’ai toutefois retrouvé assez d’esprit pour lui emboîter le pas.
Sans un mot et liés par un terrible destin, nous avons refermé sur nous l’écoutille. Impossible de quitter des yeux l’écran. La gigorite a grossi, grossi, jusqu’à remplir tout le hublot de contrôle.
Je ne me souviens pas de l’impact, juste de la main de Colon 503 qui s’est glissée dans la mienne. Et de sa voix, à travers la paroi du scaphandre, après l’onde choc : “La gigorite ! Elle nous a (presque) épargnés !”