Séquence de littérature – cycle 3. Un roman écrit par Malika Ferdjoukh
Fiche pédagogique réalisée par Nathalie Betton, formatrice en lettres à l’INSPE Sorbonne Université, agrégée de grammaire. Avant d’entrer dans le détail de la séquence, Nathalie Betton nous décrit les principaux intérêts de l’œuvre.
Littéraire et didactique
Ce roman de Malika Ferdjoukh, dont la première publication date de 1996, se situe à la frontière entre roman à suspens et récit de vie. Le narrateur, Casimir, doit garder la chambre à la suite d’une angine. Il découvre qu’une nouvelle voisine a emménagé en face de chez lui. Intrigué, il l’observe grâce à des jumelles et s’interroge sur elle. Véritable mystère, elle constitue également une obsession pour le jeune malade, dont les journées sont rythmées par l’attente. Au fil des chapitres, le lecteur découvre Stella et les sentiments naissants de Casimir à son égard. La rencontre, attendue par Casimir, autant que par le lecteur, a lieu dans l’ultime chapitre. C’est alors que les interrogations du narrateur trouvent leurs réponses.
D’abord perçue comme un roman policier, l’œuvre bascule dans le récit de vie. Il fera écho chez le lecteur, qui pourra s’identifier au narrateur. En effet, la situation de Casimir, élève de collège, qui doit garder la chambre, est banale et sans doute déjà vécue. D’autre part, l’amitié et l’amour naissant sont également des sentiments que des élèves de cycle 3 partagent avec le personnage. Outre l’identification au narrateur, le suspens ménagé autour de Stella tiendra le lecteur en haleine, qui découvre la jeune fille, au même rythme que le narrateur. On proposera à la classe de revenir, à la manière des détectives, sur les indices qui laissent transparaître que Stella est aveugle. Le surnom du narrateur, Miro, et le prénom de la jeune fille nécessiteront également d’être interprétés. Une tentative d’identification de la période de l’action rendra aussi les élèves attentifs aux éléments de la vie quotidienne des personnages (absence de téléphone portable, d’ordinateur personnel, aucune mention à internet, utilisation d’une machine à écrire par Stella).
Les thématiques abordées dans le roman :
- Les sentiments : l’amitié avec le camarade de classe Dom-Dom, l’amour pour Stella.
- Les relations parents-enfants : les réactions de Casimir à l’égard des adultes de son entourage.
- Le handicap : la découverte du handicap de Stella, l’acceptation par Casimir, l’empathie et la solidarité dont il veut faire preuve.
- Le respect de la vie privée : Casimir a-t-il le droit d’espionner sa voisine ?
Ce roman permet de proposer des situations d’écriture variées : résumés, anticipations (notamment à partir des titres des chapitres), écrits pour combler quelques ellipses narratives, impressions personnelles, entre autres.
Les débats autour des valeurs morales seront possibles ce qui ménagera des liens avec l’EMC.
D’un point de vue culturel, La Fille d’en face fait explicitement référence à des oeuvres classiques : La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils, Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, le poème « Fantaisie » de Gérard de Nerval. Le roman résonne également avec La Villa d’en face, de Boileau-Narcejac (1991), roman policier dans lequel le narrateur observe avec des jumelles les occupants de la villa d’en face de chez lui.
La nouvelle de Philippe Delerm, « C’est bien d’être malade », parue dans le recueil C’est bien aux éditions Milan, aborde aussi ces journées passées au lit, sans aller à l’école et la délectation que cela peut produire.
Enfin, la cécité de Stella pourra être mise en parallèle avec celle du narrateur du court roman de Hanno, Sur le bout des doigts, paru aux éditions Thierry Magnier. Si un réseau est envisagé autour du récit à suspens, le roman de Malika Ferdjoukh fera écho à Un tueur à ma porte d’Irena Drozd.
La découverte de l’écriture Braille fournira aux l’élèves l’occasion de comprendre quel code les non-voyants utilisent pour communiquer par écrit. Il sera envisageable de leur faire encoder des messages.
La séquence
La séquence s’adresse à des élèves de cycle 3. L’objectif principal est de donner l’envie de lire ce court roman en entier, principalement en lecture silencieuse. La séquence pourra prendre place au début du CM2, dans la mesure où l’œuvre semble accessible tant par la proximité des élèves avec le personnage principal, l’univers familier, mais aussi grâce à l’absence d’obstacle majeur pour la compréhension de la langue, qui est de qualité
néanmoins. En 6e, la lecture cursive du roman plaira sans doute aux élèves.